Toits de Chaume Andalous
Par CAZECO le lundi 23 mars 2015, 18:20 - Matériaux de construction - Lien permanent
Un récent passage en Andalousie nous a donné l'opportunité de rencontrer
Antonio Gandano, maestro chocero (maître chaumier, pour les
non hispanophones). Pour les non initiés, chaumier est le terme désignant un
artisan spécialisé dans les toitures végétales (et non végétalisées,
quoiqu'elles peuvent parfois l'être... pensez aux iris fleurissant les faîtages
normands) conçues à base de tiges de plantes telles le roseau, le blé voire la
bruyère...
Rendez-vous a été fixé à Arcos de la Frontera, province de Cadix, où réside
le bonhomme et où il finalisait une toiture de chaume habillant une ossature
bois ouverte sur l'extérieur (elle-même assemblée par Antonio).
Le travail exécuté est beau, mais l'homme, intarissable conteur, l'est encore
plus. Il fait partie de ces rares Artisans, Amoureux, Ardents défenseurs,
Aventuriers... qui vous racontent leur métier avec passion et humanité. Le
principal leitmotiv d'Antonio, lorsqu'il s'engage sur un projet, c'est
l'utilisation de matériaux locaux, issus d'un rayon de 15 km autour du bâti à
construire. Et il ne se cantonne pas à la réalisation des toitures, il
assemblera avec la même passion fondations cyclopéennes à la chaux, murs en
pierres sèches, maçonneries de terre crue, ossatures et charpentes en bois,
enduits terre et/ou chaux... Dans la même trempe que ses acolytes locaux,
Laurent Coquemont pour ne citer que lui, qui animent entre autre le Museo de
Cal de Moron dont nous parlions précédemment.
LE chaume (et non la), mot dérivé de la racine latine calamus (la tige
de roseau) désigne la tige creuse des plantes de la famille des Graminées (le
blé, le roseau, la massette...) et d'autres familles telles les joncs....
En construction, le chaume qualifie donc les tiges utilisée pour réaliser des
couvertures, selon des techniques à sec, sans lien hydraulique, par empilage,
tressage, taille... Par extension, le chaume désignera aussi le toit en
chaume.
Cependant, ce matériau peut aussi habiller des façades verticales, selon les
mêmes techniques, comme dans ce centre
de découverte de La Roche-sur-Yon réalisé par Guinée*Potin,
ce centre suédois
Naturum dessiné par Jonas Edblad, cet autre projet néerlandais de Mohn and Bauman ou encore cette maison dessinée
par Arjen Reas.
Antonio vous parlera de choza (le chaume), caña (roseau en général), cañizo (le
roseau commun ou petit roseau) ou même de brezo (la bruyère) qu'il utilise
aussi en couverture.
Coté matière première, le chaume est une fibre végétale, donc puits de
carbone, d'origine naturelle, à croissance rapide, recyclable, biodégradable...
bref, un excellent produit.
Coté localité, le chaume provient de plantes répandues, que l'on rencontre
notamment au Maroc, locales par excellence.
Coté
performance, le chaume apporte une très bonne isolation thermique (25-30 cm
d'épaisseur, pour un coef. de conductivité thermique de 0,045 W/m.K pour la
paille à 0,056 W/m.K pour le roseau) et ce sur une durée de vie allant de 30 à
50 ans selon la technique, période au bout de laquelle sera effectué un
nettoyage et l'ajout d'un complément de chaume (pas de dépose et de changement
intégral.)
Coté investissement, compter 130-150 €/m².
Coté réaction au feu, de même qu'une botte de paille, sa forte densité empêche
la propagation du feu qui se retrouve vite à court de comburant (l'oxygène)
lorsqu'il atteint le cœur de la couche de chaume. Ce qui n'empêche pas Antonio
d'avoir trousse de secours et extincteur à portée de main... comme sur tout
chantier bien géré !
Liens :
Blog http://maestrochocero.blogspot.com
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